APPEL A CONTRIBUTION JOURNEES D'ETUDE
APPEL À CONTRIBUTIONS
Thème: «Ecrire et dire la migration forcée en Afrique centrale »
Argumentaire:
La migration forcée en Afrique centrale est aussi vieille que les indépendances en Afrique en général. Désignés sous les vocables de « déplacés » ou « réfugiés », les personnes migrantes malgré elles sont sujettes à débats tant les enjeux qu’elles représentent sont transnationaux. Régulièrement présentée comme la question des réfugiés, cette forme de mobilité humaine est davantage perçue dans les débats de tous ordres comme la résultante des guerres et instabilités politiques. Vue de cette façon, la migration forcée occulte des aspects de la question bien plus importants que ceux liés au contexte sociopolitique qui les suscitent dans certains pays. Avec le phénomène des réfugiés de l’environnement dû à la rupture de
l’écosystème on a bel bien une autre perspective dans la question de la migration forcée. Dans la sous-région d’Afrique centrale, la thématique de la migration forcée interroge non seulement l’universalité des droits de l’homme, mais l’histoire même des rapports des sociétés des grandes tendances migratoires qui les constituent. Elle devrait également prendre en compte le volet environnemental qui sous-tend le paradigme de « nouveaux migrants ». En la matière, l’Afrique centrale (zone CEMAC) reste un champ en friche surtout pour les historiens et les anthropologues dont les approches analytiques ont l’avantage d’étudier l’humain du passé et du présent. Les recherches sur les migrations forcées en l’occurrence celles relatives aux réfugiés d’Afrique sont parcellaires car elles restent l’apanage des politologues, sociologues, psychologues et économistes. Ces travaux mettent un accent particulier sur les expériences des réfugiés ainsi que la prise en charge et les stratégies d’insertion socioprofessionnelle.
Pourtant, prise sous ce prisme, la question demeure entière ou insuffisamment explorée. Bien qu’étant l’objet d’étude le plus visible, le réfugié est un élément d’un vaste
ensemble, un mouvement de la migration forcée. Dans le cas de l’Afrique centrale, il importe de s’interroger sur la définition et la perception de l’étranger et de territoire étranger dans les sociétés précoloniales. Cette entreprise nécessite une épistémologie structurée des mobilités involontaires des personnes et biens compris. Elle invite à penser ce type de migration tant dans une dimension discursive qu’épistémologique.
C’est à les envisager dans la longue durée et dans une perspective délibérément transdisciplinaire que sera consacrée à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Douala une journée d’étude. Les mouvements forcés des personnes seront examinés dans leur dimension historique, démographique, anthropologique, psychologique,sociologique, économique, géographique, linguistique et juridique. Au-delà de la structuration des connaissances autour des effets de contact entre les réfugiés et les populations des lieux d’accueil, les modèles de gouvernance, les travaux de cette journée d’étude ont une ambition purement épistémologique. Ils pourront donc traiter des filtres méthodologiques adéquats pour évaluer et comprendre les migrations forcées dans leur ensemble.
Dans une perspective différente mais complémentaire, les notions de réfugiés, étranger, d’identité en lien avec les cultures de la sous-région devront être cadrées par le biais d’un exercice de conceptualisation approfondie dans lequel s’entremêleront réalité, imaginaire et perceptions dans le processus de construction et de déconstruction, si besoin s’impose, de la notion de réfugié ou migrant forcé. Il s’agira de la mise en récit et d’écriture des expériences de guerre, des persécutions et de l’exil au sein de différentes communautés de mémoire et de leur évolution au fil des temps.
Date et Lieu: 17 février 2020 - campus de l’Université de Douala
Date limite de proposition de communications : 29 novembre, 2019
Contacts pour les contributions: mmest2006@yahoo.fr et nanlend01@yahoo.fr